Félix Houphouët-Boigny
[…]
Un pays ne peut avancer, quels que soient les moyens mis à sa disposition, s'il vit dans l'ignorance et l'obscurantisme.
Nous pensons fermement que notre action d'avenir doit consister en une accentuation de la scolarisation, compte tenu naturellement des moyens de chacun de nos Territoires.
Nous devons, par ailleurs, penser à la relève.
Et comment pourrait-elle être assurée de façon efficace, si nous ne la préparions par une scolarisation plus forte que celle d'aujourd'hui ?
A ce propos, nous devons nous pencher particulièrement sur le retard actuel de l'instruction et de l'éducation des filles africaines.
Nous entendons employer tous les moyens souhaitables pour les amener à rattraper ce retard, car l'Afrique ne pourra harmonieusement évoluer si le décalage est trop grand entre ses jeunes filles et ses jeunes gens.
Nous disons, à nouveau, notre totale confiance en la jeunesse d'Afrique, à qui nous désirons laisser plus que nous n'avons nous-mêmes trouvé.
Mais nous désirons placer aussi notre belle jeunesse en face de ses devoirs, en face de ses responsabilités.
Si notre action consistera à étendre l’africanisation des cadres dans tous les domaines, nos jeunes ne doivent pas se dissimuler les difficultés qui les attendent.
L'Africanisation des cadres ne résoudra pas par elle-même les délicats problèmes qui se posent dans l'administration du pays.
Nos jeunes ne doivent pas ignorer qu'une marge souvent très grande existe entre la théorie et la pratique, entre l'idéal et le réel.
A l'heure où l'Afrique, pour son avenir, a besoin de tous ses enfants, pour un travail efficace, nous manquerions à notre devoir d'hommes responsables si nous tenions à nos jeunes le langage de la démagogie facile.
En prenant en mains les responsabilités dans nos Territoires, nos Elites se doivent de se consacrer entièrement à l'intérêt général, au bien-être des populations africaines. Elles savent résister à la facilité, qui réserve, presque toujours, des réveils pénibles et dont les masses paient toujours les frais.
Discours prononcé le 26 septembre 1957 lors du 3e Congrès international du Rassemblement Démocratique Africain à Bamako.
Plus de discours dans l'ouvrage: Les discours de l'histoire africaine. Des indépendances à nos jours.